Dès le début des années 80, la Fédération avait en projet de construire son propre golf.
Le 27 septembre 1985, le Président de la FFG, Claude-Roger Cartier fait voter par son Comité la création du Golf National.
Il sera inauguré le 5 octobre 1990 par R.Bambuck, Ministre de la Jeunesse et des Sports.
Claude Roger Cartier, Président de la FFG, dès ses premières années de Présidence de la FFG (1981 à 1997) avait pensé à un site permanent et adapté à l’Open de France qui chaque année prenait de l’ampleur.
A cette époque, Président de la Commission Sportive Nationale et architecte, j’avais esquissé un Centre fédéral avec parcours de Championnats, sans idée sur le site qui pourrait le recevoir.
Cette esquisse-programme servit à cadrer et bâtir un financement pour un éventuel projet Fédéral.
En juin 85, à Saint Germain, le Peugeot Open de France eût beaucoup de succès et de spectateurs et le besoin d’espace se fit sentir.
L’idée progressa encore avec le succès du Trophée XR3 (exhibition de S. Ballesteros et J. Nicklaus) à La Boulie et C.R.Cartier, lors du Bureau Directeur de la FFG du 27 septembre 85, souhaita «que soit créé le plus rapidement possible le golf fédéral dont la FFG a grand besoin.»
Le Comité avait opté pour une implantation dans l’Ouest/Sud Ouest de la région parisienne.
Nous avons cherché des terrains…
Architecte, j’avais, auparavant, construit dans la ville nouvelle de St Quentin en Yvelines et réalisé le golf public du même nom. J’avais aussi, à la demande de mes confrères Urbanistes et Architectes de la Ville Nouvelle de St Quentin, dessiné un golf de 36 trous, sur un terrain qu’ils souhaitaient préserver comme “porte verte”, uniquement pour qu’il figure sur tous les plans d’ensemble et évite les éventuelles pressions pour bâtir cette surface.
A tout hasard, je repris donc contact avec l’Établissement Public d’Aménagement et grâce à quelques uns, au sein de l’Etablissement Public d’Aménagement, notre projet devint possible.
J’ai alors établi un avant projet comprenant 2 parcours de 18 trous, un practice, un centre d’entraînement, un hôtel et le siège de la FFGolf que nous présentâmes aux trois Maires des communes sur lesquelles se répartissait le terrain . Ceux ci accueillirent très favorablement notre projet, mais chacun souhaita que les constructions soient implantées sur sa commune… C’est pour cette raison que le Novotel a finalement été construit à Magny les Hameaux et les locaux de la FFGolf à Guyancourt, la limite des communes passant au beau milieu du hall d’accueil du Golf National.
En mai 1986 nous avons obtenu un accord de principe général qui permit la présentation du projet au Comité Directeur du 27 juin 1986 et son soutien unanime.
Avec l’aide inestimable de Pierre Thevenin nous dressâmes les premiers vrais plans de mise en formes globale de la topographie que je souhaitais créer sur ce terrain totalement plat et nu…
Parallèlement C.R. Cartier, présenta le projet au Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et Sports, Monsieur Bergelin, à la Région Ile de France, ainsi qu’au Président du Conseil Général des Yvelines et obtint les subventions nécessaires au montage de l’opération. Il se battit jusqu’au Cabinet de Monsieur Jacques Chirac, alors Premier ministre, pour arrêter un prix raisonnable des loyers des terrains, propriété de l’Etat, que nous prenions pour 99 ans…
Mon objectif était de créer un stade de golf, susceptible de recevoir de grandes épreuves, dans d’excellentes conditions d’accueil et visibilité pour de nombreux spectateurs et les médias, tout particulièrement la télévision.
Contrairement à la plupart des golfs construits sur un terrain naturel, plus ou moins vallonné, j’ai préféré créer la topographie en même temps que le parcours lui-même, pour créer des tribunes ou gradins naturels.
Pour ce faire rien ne valait une feuille blanche: un terrain plat et nu.
A partir de mes premières esquisses j’ai conçu le plan d’ensemble des 3 parcours, puis échangé quelques croquis et idées de tracé avec Robert Von Hagge qui m’avait fait l’amitié d’accepter d’être consultant pour le parcours de championnat qui ne s’appelait pas encore l’Albatros.
Mon idée de base était fondée sur l’apport de terres en grosse quantité, modelées au fur et à mesure, terres issues des terrassements des chantiers de l’ouest parisien, dont je savais qu’elles étaient un problème pour les entreprises au regard des coûts d’évacuation et décharge.
A partir de juillet 1987 s’organisa une noria de 400/450 camions par jour apportant leur chargement par tous les temps.
Entre les terres apportées et le creusement des plans d’eau, ce sont au total 2,2 millions de mètres cubes qui ont constitué le relief général.
Malgré les plans de topographie précis établis par P.Thevenin, je suis passé sur place deux àtrois fois par semaine pour affiner ou modifier les mises en formes.
Pendant ce temps, avant l’avancement des buttes, nous avons décapé et stocké la terre végétale, qui allait plus tard recouvrir le relief créé.
Nous avons maintenu un réseau d’écoulement naturel des eaux de pluie pour ne pas transformer les futurs fairways en marécages impossibles à travailler. Des canalisations d’écoulement définitives, reliant tous les plans d’eau ont été placée sous les buttes.
Pendant les mois d’été 88 et 89 nous avons creusé les 9 hectares de plans d’eau, mis en place les terres qui en provenaient, et remodelé les fils d’eau qui devaient couler vers eux.
A la fin du printemps 88, l’entreprise Benedetti s’installa sur le chantier.
Les travaux spécifiques du golf pouvaient commencer.
Les premiers semis eurent lieu en septembre 89 et se prolongèrent jusqu’en juin 90.
Un énorme orage en lessiva une partie le 27 juin 90.
Pourtant, entretemps, la décision d’organiser le Ford Classic les 6 et 7 octobre 90 avait été prise, confirmée, puis publiée, comme l’inauguration officielle le 5 octobre 1990…
Greg Norman, Ray Floyd, Jeff Sluman et Marc Farry ont été les premiers joueurs de l’Albatros.
Le premier Open de France “dans sa maison” a été disputé en juin 1991.
L’Aigle et l’Oiselet ouvrirent dans les mois suivants.
Il se sera passé cinq années entre la décision du Comité de la FFG et l’inauguration et…26 ans avant la décision de la PGA d’attribuer la Ryder Cup 2018 au Golf National sur l’Albatros.
J’espère être encore là, en septembre 2018, 34 ans après ma première esquisse (1984) d’un “Centre Fédéral”.
Hubert Chesneau, Mai 2011