Arthur est responsable paysage et environnement au Golf National. Depuis plusieurs années il travaille sur des projets en permaculture qui permettent de cultiver des légumes, des fruits ou des aromates sans engrais, sans pesticides et sans eau. Son ambition, utiliser ses techniques pour faire pousser du gazon sur des surfaces sportives et à terme construire des départs ou des greens de golf en permaculture.
Arthur a cultivé deux potagers en permaculture au Golf National et obtient de très bon résultats toute l’année.
Il y a des dizaines de légumes ou aromates différents (roquette, laitue, persil, pommes de terre, menthe, pourpier, blette, romarin, courge, navet…) qui peuvent fournir le restaurant “Le Pitch” ou les élèves du Pôle France qui mangent sur place.
Depuis 2010, au travers de la Charte nationale « Golf & environnement », la Fédération Française de Golf, les gestionnaires de golf et les ministères en charge de l’Agriculture, de l’Écologie et des Sports se sont engagés dans une démarche de préservation quantitative et qualitative de la ressource en eau, de préservation de la biodiversité et de développement durable.
Dans ce contexte, Arthur mène une réflexion sur la création de « greens et départs plus durables dès leur conception » en testant la pertinence de la culture sur lasagnes pour ces surfaces.
La culture sur lasagnes, fréquemment utilisée en permaculture, repose sur l’empilement en alternance de couches de matières organiques vertes (humides et plutôt azotées) et brunes (plutôt sèches et riches en carbone). D’où son nom ! Le substrat ainsi créé présente une bonne réserve d’eau, une mise à disposition progressive des nutriments et un équilibre écologique important limitant le développement de pathogènes. Ces atouts observés en maraîchage seront-ils conservés au niveau des greens ?
Au printemps 2021, trois buttes de lasagnes de 50 m² ont été mises en place sur le golf national à partir des déchets végétaux produits par les espaces verts du site. Les lasagnes se composent, de bas en haut, d’une couche de gros bois mort, d’une couche de branches et brindilles mortes, d’une couche de feuilles et tonte de gazon, d’une couche de terre végétale et d’une nouvelle couche d’herbe et de feuilles et aiguilles de résineux. Le tout est surmonté d’un géotextile avec un maillage permettant la circulation des microorganismes et les échanges de nutriment. Le géotextile est recouvert d’un mélange sable tourbe blonde sur lequel a été réalisé le semis de graminées à l’hiver 2021.
Le suivi des résultats est assuré par Stéphane Bazot, professeur et Lisa Le-Moller stagiaire Master 2 Ingénierie écologique au laboratoire Écologie Systématique Évolution (ESE) de l’Université Paris-Saclay. Il comprend côté plantes la mesure de la biomasse foliaire produite (estimée lors des tontes) et l’analyse de l’état sanitaire des gazons par l’estimation des teneurs en chlorophylle et en flavonols des couverts végétaux. Côté sol, un suivi de la teneur en eau est réalisé grâce à des sondes et son statut nutritif sera analysé au cours de la saison de végétation à partir de carottes de sol. Enfin, l’activité biologique du sol sera estimée par mesure du flux de CO2 respiré par le sol avec un système fermé.
Les premiers résultats doivent être confirmés dans le temps, Arthur estime pour sa part que « ces débuts sont encourageants : cette surface qui n’a reçu aucun arrosage et aucun intrant est aujourd’hui au moins aussi convaincante que les départs du golf gérés classiquement. » Cette expérimentation est soutenue par la FFG, à la recherche de solutions pour rendre les golfs plus durables. Ce modèle, s’il est validé, pourrait être utilisé dans la cadre de la reconstruction à venir du parcours de l’Oiselet, fortement impacté par le prolongement futur de la ligne 18 du métro parisien. L’occasion de partir sur de nouvelles bases !